Lavage puis ponçage du pont, notamment les zones "grip"
Il faut maintenant s'attaquer à la rénovation de l'extérieur du bateau. Le pont est lavé, brossé et poncé légèrement avec un papier de verre fin. Il ne s'agit pas d'enlever le gelcoat mais de le nettoyer et le décrasser. Quelques écailles de gelcoat sont réparées avec de la résine.
Les zones "grip" au fond du pont et sur les bancs sont brossées pour enlever toute la crasse qui s'est placée dans les mini-croisillons. J'essaie d'abord de suivre les lignes droites de ces zones "grip" avec un cutter pour les nettoyer mais ce n'est pas la bonne méthode et ça abîme le gelcoat. J'essaie aussi la brosse métallique, mais pas terrible non plus. L'huile de coude, du savon et une brosse fine en fibres de plastique dur seront finalement les plus efficaces.
Lavage puis ponçage de la coque, rebouchages de quelques trous et rayures, étrave
On retourne le bateau. Et idem, lavage, ponçage et rebouchage. Je découvre une zone de quelques centimètres carrés où le gelcoat est très souple, et pour cause, il y a dessous un trou dans la résine de la coque, une bulle d'air qui date de la fabrication de la paroi de la coque, ou de la résine qui a été bouffée par de l'eau qui s'était glissée sous le gelcoat...? Le gelcoat est retiré et le trou bouché sans difficulté. Quelques coups dans l'étrave sont aussi réparés.
Nettoyage puis réparation de l'ouverture basse du puits de dérive
L'ouverture basse du puits de dérive est nettoyée. Cette étape sera plus longue que je n'imaginais et pas très facile à réaliser car il faut travailler juché sur la coque.
Il faut enlever les différents restes de colle et de joints silicone qui ont été posés là pour fixer et refixer les lèvres en caoutchouc du puits de dérive, lèvres qui avaient finalement été déposées faute d'une solution efficace pour les fixer. Sous la colle apparaisse à nouveau des petites zones en creux dans la résine : probablement d'anciennes bulles d'air ou alors des zones où l'eau de mer a bouffé la résine ? Cette zone est pas mal abimèe.
Et, en grattant ce puits de dérive, une grande écaille de gelcoat mal fixée saute sur le petit côté à l'avant du puits et laisse apparaître... un trou ! Et 1 à 2cm à l'intérieur de trou, j'aperçois un bout de tissu de verre d'origine que je reconnais et sur lequel je me suis appuyé pour fixer le support du pied de mât. Voilà la voie d'eau qui remplissait le bateau à chaque sortie, quelle que soit la météo, calme plat ou grand vent ! Cachée d'un côté par un bout de gelcoat fendu et de l'autre pas un bout de tissu de verre à peine imprégné de résine et pas étanche du tout. Je me demande depuis combien d'année ce bateau avait ce défaut... depuis toujours ?
Toujours est-il qu'il faut faire de la résine à nouveau pour refaire tous les côtés de cette ouverture basse du puits de dérive. Pas très commode à réaliser. Le résultat sera costaud et la surface plate et propre prête à recevoir de nouvelles lèvres de caoutchouc.
Topcoat de la coque
Pour la finition extérieure, je ne suis pas la méthode d'emca445 qui a utilisé de la peinture. Je suis les conseils qui m'ont été donnés par la société Résine et Moulages et j'utilise du topcoat. La description indique qu'on peut le passer au rouleau, au pinceau ou au pistolet. Je ferai ça au rouleau, avec quelques finitions et recoins au pinceau.
Rien à voir ici avec la résine époxy en termes de procédé de préparation et d'application : non seulement la quantité de durcisseur à ajouter est très petite, 1 à 2% seulement (donc quelques cm3 mesurés avec une petite seringue graduée), mais en plus le mélange durcit en 15 à 20 minutes seulement ! Il est donc impératif de travailler des petites quantités à la fois... et de jeter rouleau et pinceau quasi à chaque fois. N'ayant pas du tout l'habitude de poser ce type de produit à prise rapide, avec le risque d'une finition ratée, l'application du topcoat a finalement été la seule étape un peu stressante de cette rénovation...
Je commence par la coque dont la surface fait 7m². Je travaille par quantité de 300 à 400 grammes selon la difficulté de pose. Avec ce produit il faut tout anticiper, la quantité de durcisseur, les rouleau et pinceau, la zone qu'on veut couvrir, l'espace pour travailler et les protections, l'éclairage... et il ne faut pas traîner pour mélanger le durcisseur avec le topcoat car le compteur tourne dès la première goutte versée et on n'a plus le temps de se poser des questions après.
En termes d'équipement, il est indispensable de porter ici un masque à cartouche qui filtrera les vapeurs de solvant car ce produit dégage des odeurs irrespirables en grande quantité. Je laisse aussi tomber les gants fins en nitrile utilisés pour la résine et j'utilise des gants de ménage bien épais qui remontent largement sur les poignets.
Et c'est parti. Et en effet, au bout de 15 minutes, si vous n'avez pas fini votre godet, le topcoat commence à devenir bizarrement grumeleux et épais... Il est temps de s'arrêter, tant pis pour ce qui reste au fond du godet, il ne sera plus possible de l'étaler. Et 10 minutes plus tard, le topcoat a quasi complètement durci...
Le résultat est assez génial, la matière forme une couche extrêmement dure, ça brille et ça semble presque comme neuf. Il y a un léger effet "peau d'orange" car la surface du topcoat ne se tend pas naturellement, mais c'est tout à fait acceptable.
Pour les 7m², j'ai utilisé 5 godets d'environ 400gr. Soit à peu près 3,5m² par kilo. Le tuilage entre une zone couverte avec un godet et la zone suivante couverte avec un autre godet se fait sans souci et il n'y a pas d'effet patchwork au final, la coque a une surface et un aspect bien uniformes.
Par contre, le produit n'est pas magique en termes de récupération des imperfections de niveau : la quantité posée est faible et la couche est donc assez fine. Si la coque a un défaut, une rayure un peu profonde, une surépaisseur, tout cela se voit aussi à la fin. L'état de surface avant et après est assez similaire. Si on est maniaque, il faut donc bien fignoler la surface avant le topcoat.
Topcoat bicolore du pont
A l'intérieur, je fais un peu plus complexe et je décide de faire en jaune les bancs et le coffre avant. Le résultat ne sera pas trop mal mais la quantité de teinture étant limitée au maximum à 5% du topcoat, le jaune obtenu n'est pas aussi intense que j'imaginais. Je commence par le fond en blanc qu'il faut ensuite protéger pour poser le topcoat jaune.
Autre point important pour le pont, il faut préserver tous les orifices prévus pour l'accastillage car je n'aurais pas le temps de tourner autour de chaque trou avec un petit pinceau délicat pour éviter de mettre du topcoat dans les écrous sertis ! Je taille donc des sortes de mégots en mousse de polystyrène en plaçant sur ma perceuse un emporte-pièce du diamètre qui correspond au diamètre des trous à boucher. En tournant, l'emporte-pièce découpe doucement un petit manchon de mousse qu'il sera possible de glisser dans chaque trou avant peinture. Très efficace. Mais attention, la mousse est sensible au solvant du topcoat, il faut donc éviter d'ensevelir ces petits bouchons de mousse sous des paquets de topcoat.
La peinture du pont est plus compliquée que la coque : il faut utiliser un plus petit rouleau, les zones sont bombées, il y a des recoins, etc. Les godets seront moins importants, entre 200 et 300 grammes, et plus nombreux. Je constate que si on réutilise rapidement un rouleau ou un pinceau avec un nouveau godet, on n'est pas obligé de jeter le matériel à chaque godet. En fait je mesurerais à l'avance plusieurs godets de topcoat, avec teinture si besoin, mais sans durcisseur, pour pouvoir enchainer rapidement en ajoutant simplement le durcisseur.
Le résultat est vraiment très satisfaisant. Certes le gelcoat du pont était bien abîmé par le soleil et les intempéries, nettement plus que celui de la coque, et donc au final l'état de surface reste parfois irrégulier malgré le topcoat. Mais c'est costaud, et quasi comme neuf.
Collage des lèvres du puits de dérive
Dernière étape sur la coque, les lèvres du puits de dérive sont collées à la colle néoprène. J'utilise des joints de caoutchouc en forme de L comme ceux d'origine dont quelques morceaux étaient encore sur le bateau il y a 15 ans. J'ai trouvé ces joints sur le site StandDuCaoutchouc.com. Chaque morceau fait un peu moins de 1,5 cm de long. Le collage n'est pas très simple car il faut maintenir le joint en L plaqué sur le côté du puits de dérive. Et encore moins facile quand il faut poser le deuxième. Petites cales et tasseaux sont de la partie. Le résultat est un peu moche car la colle néoprène en gel est infernale à manipuler et à étaler, mais ça colle et ça tiendra.
Il ne reste plus qu'à rééquiper le bateau...
- Jean / JMAR445 ©2020 -