Une ouverture difficile...
Une fois le bateau découpé, on s'attendait à ce qu'il s'ouvre facilement, comme une boîte à chaussure. Pas du tout, mais alors pas du tout… ça a plutôt été comme ouvrir une huître bien vivante qui ne veut pas se laisser faire.
Et ça s'explique : la coque et le pont sont assemblés en usine avec un paquet de résine fibrée qui fait la colle tout le long de la bordure. Or la bordure n'est découpée ici qu'à la moitié de sa largeur, donc l'autre moitié de la largeur collait encore très bien. Le bateau prenait l'eau, mais il n'était pas près de s'ouvrir en deux !
A partir de la découpe avant, avec maillet et cales en bois, nous avons donc progressivement ouvert le bateau, parfois avec un décollage rapide sur une longueur importante, parfois en tombant sur des zones très bien collées qui nécessitaient de faire attention à ne pas exploser la coque ou le pont. Donc une étape à ne pas faire comme une brute…
Surprise et misère
Une fois le bateau ouvert, nous découvrons la misère… impressionnant le travail de sape que la flotte et le temps avaient fait à l'intérieur. Les pains de mousse censés tenir le pont ne ressemblaient plus à rien. La poutre centrale arrière avait tout simplement disparu et il ne restait que des rares traces d'un mince contreplaqué et même un tasseau de bois qui se baladait à l'intérieur du bateau !
Tous les renforts de la coque et du pont étaient "secs" au sens où le tissu de verre qui les recouvrait avait perdu sa résine. Ils étaient cassés ou fissurés quasiment partout. Les plaques de contreplaqué dans lesquelles se fixe l'accastillage partaient en millefeuilles pourris.
Les réserves de flottaison étaient en mauvais état : les sacs en plastique étaient crevés et la mousse était devenue en partie friable. Seule la réparation du pied de mât faite par les précédents propriétaires par la trappe avant était dans un état correct, encore que la plaque de bois posée verticalement commençait à pourrir par le bas.
Les quelques plaques d'aluminium qui tiennent les rails d'écoute de foc et le pied de l'étambrai sont encore en bon état mais sous une couche de tissu de verre vieilli et qui a perdu sa résine.
Nettoyage de la coque et du pont
La mise à nu de la coque et du pont n'a pas été très longue, quelques heures. Avec maillet et ciseau à bois, grattoir, papier de verre, ponceuse, tout est retiré. En enlevant les renforts de la coque, on découvre que la mousse à l'intérieur de ces renforts est encore parfois pleine d'eau de mer… Il faut aussi retirer les anciennes réparations. Nous ne gardons que 3 renforts sous le coffre avant du pont qui avaient été réparés par les précédents propriétaires et qui ne semblent pas vouloir bouger.
Nous ne retirons pas les deux parties en fibre de verres qui moulaient autrefois le bas de la poutre arrière centrale et qui semblent faire partie de la coque elle-même. Elles seront réutilisées dans la reconstruction.
Nous nettoyons aussi la bordure extérieure, le long des deux bords découpés, côté coque et côté pont, car des paquets de résine ont bavé à la fermeture du bateau, à l'intérieur, lors de sa construction.
Une fois ce travail réalisé, comme le faisait remarquer emca445, on obtient deux pièces stratifiées qui sont finalement en bon état structurel. Il y a quelques accrocs à réparer et le gelcoat est cuit, mais coque et pont sont étonnamment souples, solides et prêts à repartir pour le service.
Pas de voie d'eau visible
Par contre, toujours pas de trace de la voie d'eau dans la coque, vu depuis l'intérieur. Bizarre. Nous faisons un test en remplissant d'eau le fond de la coque, mais ce n'est pas bien concluant, il semble que ça commence à couler au niveau du puits de dérive, puis plus rien. La réponse ne viendra qu'à la toute fin de la réparation de la coque…
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